En tant que thérapeute (1), je suis souvent confrontée à des situations où des parents se demandent s’ils doivent imposer un suivi à leur enfant ou adolescent. En tant que Maman, j’ai moi-même été confrontée à cette problématique… et la décision n’est pas simple. 

C’est une question complexe, mais ma ligne de conduite repose sur des principes clairs : il est parfois nécessaire de poser des limites fermes lorsque la situation le demande, tout en veillant à ce que la démarche reste constructive et bienveillante.

Cet article a pour but de vous aider à comprendre dans quels cas il est pertinent de forcer un suivi et comment aborder cette démarche.

Oui, si la problématique touche directement le parent

Dans certaines situations, le suivi d’un enfant par un professionnel répond à un besoin impératif du parent.

Par exemple, si le comportement de l’enfant ou du jeune engendre une grande souffrance chez le parent ou affecte gravement la dynamique familiale, il peut être nécessaire d’agir avec fermeté.

Il est également crucial de rester ferme si le jeune est dans une situation d’opposition, qu’elle soit passive (refus d’engagement, apathie) ou agressive (comportements violents, conflits ouverts). Dans ces cas, la volonté du parent doit primer.

 

L’enfant ou l’adolescent n’a souvent pas la maturité pour comprendre l’ampleur des conséquences de ses comportements ou de certaines difficultés. Le parent, en tant qu’adulte responsable, doit donc faire preuve de détermination pour s’assurer que l’aide nécessaire soit mise en place.

Bien souvent, lorsqu’un enfant ou un adolescent est en opposition et que le parent impose un suivi, le jeune peut chercher à donner du fil à retordre au thérapeute. Il pourrait tenter de faire échouer l’accompagnement dans le but de démonter la stratégie du parent. Dans ces cas, il est essentiel que le parent tienne bon dans le temps : cela montre à l’enfant combien il est important que la situation s’arrange et combien son bien-être compte aux yeux du parent.

Tenir dans la durée implique également d’établir une relation de confiance avec le professionnel choisi. Le parent doit travailler en collaboration avec le thérapeute pour s’assurer que les stratégies employées soient adaptées aux besoins de l’enfant, tout en étant fermes et cohérentes. Il peut être utile de prévoir des moments réguliers de feedback entre le parent et le professionnel pour ajuster l’approche au fur et à mesure.

Cela ne signifie pas que l’enfant ou le jeune doit être contraint de façon brutale. Il est crucial de lui expliquer la situation, de lui faire comprendre pourquoi cette consultation est importante, et de lui rappeler que cette démarche vise à améliorer le bien-être de toute la famille. Le dialogue reste un outil clé pour rendre la démarche moins conflictuelle.

Non, si l’enfant ne perçoit pas de problématique

À l’inverse, si l’enfant ou le jeune ne voit aucun problème dans son comportement ou sa situation, il est souvent inutile, voire contre-productif, de l’obliger à consulter. Cela peut être le cas lorsque l’adolescent a le sentiment que son parent projette sur lui des angoisses ou des attentes.

Forcer un enfant ou un adolescent à consulter alors qu’il ne se sent pas concerné peut créer un rejet de la démarche thérapeutique et altérer sa relation avec le parent. Les professionnels eux-mêmes savent que leur travail repose sur une forme d’adhésion à la démarche.

Si le jeune vient à contrecœur, il risque de ne pas s’impliquer et de rendre la consultation inefficace.

Dans ce cas, il peut être plus pertinent de chercher une autre approche. Par exemple, le parent peut consulter un professionnel seul pour mieux comprendre ses propres attentes et trouver des stratégies pour accompagner son enfant autrement. Cette démarche peut avoir des résultats indirects positifs sur l’enfant, car elle montre que le parent est prêt à travailler sur lui-même pour améliorer la situation globale.

D’autres stratégies incluent l’utilisation d’outils comme les livres, les podcasts ou les ateliers collectifs pour aborder les problématiques sous un angle différent. Ces alternatives peuvent permettre au jeune de se sentir moins ciblé et plus enclin à engager une réflexion personnelle.

Comprendre l’origine du refus :  la personne ou l’accompagnement ?

Il peut être utile de se demander si le refus de l’enfant concerne l’accompagnement en lui-même ou bien la personne qui accompagne. Parfois, le jeune peut ressentir un malaise face à un professionnel en particulier, sans pour autant rejeter l’idée de consulter. Cela peut être lié à un manque de confiance, une incompréhension mutuelle, ou simplement à une personnalité qui ne lui correspond pas.

Dans ce cas, il est important d’écouter les raisons exprimées par le jeune. Lui donner l’opportunité de choisir un autre professionnel peut l’aider à se sentir davantage impliqué dans la démarche. Une rencontre préalable avec le professionnel, permettant au jeune de poser des questions et d’exprimer ses attentes, peut également faciliter l’adhésion.

En revanche, si le refus concerne plus globalement le fait de consulter, il faudra travailler sur la communication pour expliquer les objectifs et les bénéfices possibles de la démarche. Il peut être utile de mettre en avant des exemples concrets d’améliorations possibles, tout en reconnaissant ses appréhensions. Dans tous les cas, le dialogue et la patience restent des outils précieux.

Trouver un équilibre

En résumé, il n’existe pas de réponse unique à la question. Si la problématique touche directement le parent ou la famille, il est nécessaire d’agir, même si cela implique d’imposer une consultation. Il est particulièrement important de rester ferme si l’enfant ou le jeune manifeste de l’opposition, qu’elle soit passive ou agressive. Toutefois, si l’enfant ou le jeune ne perçoit pas de problème et si la démarche semble davantage correspondre à une projection du parent, il peut être préférable d’explorer d’autres voies.

La clé réside dans le dialogue, la bienveillance et l’écoute des besoins de chacun. Une consultation préparée, expliquée et soutenue par une relation de confiance aura toujours plus de chances d’être fructueuse qu’une consultation imposée sans explications.

Enfin, les parents doivent se rappeler qu’un changement ne se produit pas du jour au lendemain. Faire preuve de patience, maintenir une posture cohérente et montrer à l’enfant que cette démarche est motivée par une profonde envie de l’aider peuvent faire toute la différence sur le long terme.


(1) Le terme « thérapeute » désigne ici tout professionnel de l’accompagnement psychologique ou éducatif, qu’il s’agisse de psychologues, de psychothérapeutes, d’éducateurs spécialisés, psychopédagogues ou coachs.

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